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JEAN JAURÈS PARMI NOUS

Extraits de la revue Regards septembre 1959

25/09/1910 : on célébrait ce jour-là quelque victoire électorale. Tout le monde avait tenu à poser autour de Jaurès.

Pampelonne fut un centre agricole et commercial important. […]

Sur la place carrée de Pampelonne, à main droite en venant de Carmaux, la première maison est un hôtel. Ce fut un bastion jaurésien. Dans l’ombre de la salle qu’un ciel pluvieux rend plus secrète encore, l’aubergiste M.Malfettes, 78 ans, égrène ses batailles.

- Jaurès savait trouver ici le gîte et le couvert. Il descendait toujours chez nous quand il venait dans la région. Je faisais « le taxi » avec une voiture à cheval, bien sûr, et emmenait notre député dans les bourgs voisins. Chemin faisant, on discutait. Il parlait de la société telle qu’il la souhaitait et la 

devinait même, avec les améliorations arrachées par la lutte.  Vous pensez bien que ce n’était pas l’intérêt qui me faisait héberger Jaurès. Au contraire, sa présence éloignait certains clients qui préféraient aller en face, mais elle attirait les gendarmes et les mouchards qui connaissaient l’auberge. Ce n’était pas drôle tous les jours. Il fallait veiller sur Jaurès, menacé par les hommes du Maquis qui l’empêchaient de parler. Les réunions avaient lieu dans la remise qui m’appartient, de l’autre côté de la route. On faisait rentrer Jaurès par une porte sur le côté, à l’abri des regards indiscrets. En cas de vilain, il pouvait toujours filer par là. Avec Maffre, du Pouget, on courait le pays pour préparer la campagne électorale. Nous devant et le commissaire spécial derrière… Ma remise, on l’avait surnommée « la salle des bourricots ». On a fait là-dedans un banquet socialiste avec cent quarante participants.

Jaurès avait, dans le ménage Malfettes, un couple de partisans ardents, mais aussi trouvait-il à l’auberge un second foyer. Souvent Mme Malfettes a lavé, raccommodé pour lui. Distrait comme il l’était, il fallait bien veiller sur sa tenue ! Car lui n’y prêtait guère attention.

La dernière visite que leur député fit à Pampelonne eut lieu en avril 1914. Il monta en voiture et lança un « adieu » retentissant.

- Adieu, lui qui ne disait jamais qu’« Au revoir ». 

Ce jour-là, il nous a dit « Adieu » !